• La Fonderie, Adolph Menzel (1875)

    MENZEL - die giesserei



    De son vrai nom Adolf Friedrich Erdmann von Menzel, Adolph Menzel est né à Breslau, le 8 décembre 1815 - et il meurt à Berlin, le 9 février 1905.
    Menzel est issu d’un milieu modeste. Il se fait le chroniqueur de la nouvelle ère industrielle, qu’il retrace avec sensibilité et réalisme dans toute son œuvre. Menzel se rattache au pré-impressionnisme par sa touche qui rappelle Pissaro mais aussi au naturalisme par son style très atmosphérique et soucieux du détail, tant dans la représentation des personnages que des objets et de la nature. Il est l’un des piliers fondateurs de ce mouvement impressionniste. Mais par le sujet de cette œuvre, on pourrait le rattacher au réalisme qui voulait représenter la réalité de l’époque. Pourtant malgré la touche de Menzel, le tableau s’apparente bien à l’impressionnisme. Il s’agit en effet d’un des courants plus modernes du réalisme. Menzel a peint La fonderie en 1875.

    Une œuvre relatant de l’industrialisation croissante d’une époque.
    L’Œuvre représente des ouvriers pendant leur travail. Dans ce tableau, l’artiste représente différentes attitudes que l’on peut rencontrer. Certains, au premier plan central, travaillent ; d’autres dans l’angle droit sont en train de faire une pause. La branche de métiers représentée est celle relative à la fonderie (comme l’indique le titre de l’œuvre). C’est alors que Menzel nous montre un corps de métiers artisan et manuel, et contrairement à la coutume de l’époque, il n’idéalise pas le travail ouvrier. Face à nous, nous avons alors des travailleurs en activité, et l’on voit la réalité de ce travail pénible.
    On remarque que les hommes présents dans la scène ne sont pas reconnaissables spécifiquement. On les identifie alors à leur métier et il est impossible de les nommer. Menzel met ainsi en valeur l’anonymat du simple ouvrier du XIXe siècle. Il a alors choisit de représenter un groupe de personnes, si nombreuses qu’il est par exemple impossible de reconnaitre chaque homme présent au fond du tableau. Adolph Menzel souhaite plus nous montrer une catégorie de personnes plutôt qu’une personne en particulier. Les hommes représentés sont alors confondus avec leur travail, comme si il s’agissait de leur identité.

    Une certaine confusion surgit de la toile. La représentation est extrêmement saturée à cause de l’accumulation de personnes et d’objets en nombre important. Aussi de la vapeur est présente dans toute la scène, celle-ci met en place une ambiance lourde et pesante qui contribue à montrer la pénibilité du travail. Et c’est aussi à cause de la faible intensité lumineuse que l’on se retrouve face à une impression que les hommes travaillent durs, de plus les personnages sont agglutinés près du four, seule source de lumière mais qui signifie aussi « chaleur », le travail est donc difficile et les conditions sont extrêmes.
    Cette représentation indistincte et complexe participe donc à montrer la réalité sociale de la vie d’un ouvrier du XIXe.

    Une touche qui rompt avec l’académisme.
    Qu’est-ce que l’académisme ? Il s’agit de l’enseignement que dispense l’académie des beaux-arts du classicisme au romantisme. Bien sur ce système est plus connu en France, mais il existait aussi dans toute l’Europe. L'académisme se caractérise par un intérêt pour les thèmes historiques, religieux ou mythologiques. Leur but est alors de réaliser des œuvres dites « achevées », où l’imagination est mis à part.
    Dans l’œuvre d’Adolph Menzel, nous sommes face à une représentation qui tend à s’éloigner de cet académisme de l’époque. L’Œuvre peut paraitre à première vue brouillon, inachevée ou même inintéressante à l’époque. Les personnages et les silhouettes ne sont pas définis clairement, les corps se mélangent et l’image parait flou. De plus l’artiste se concentre sur l’ambiance que peut créer une lumière particulière. Se sont les jeux d’ombres qui nous permettent de distinguer les formes. La touche aussi ne correspond pas à ce que veut l’académie, elle est rapide et apparait par endroits. Le sujet n’est pas non plus commun à l’époque, Menzel s’intéresse ici à la réalité quotidienne et non à un sujet mythologique ou historique. Il montre alors l’avancée technologique de son temps.
    La scène représentée est donc novatrice par rapport à ce qui se fait à l’époque. Elle tend à rompre avec l’enseignement académique pour aller vers une représentation plus réaliste.

    Pour conclure.
        Adolph Menzel est considéré comme l'un des plus grands peintres allemands du XIXème siècle. Il a crée une œuvre d'une étonnante richesse et d’une grande diversité. En tant que peintre d'histoire, il a su évoquer la vie de cour au temps de Frédéric le Grand. Mais il est aussi un peintre de son époque, il s'est intéressé à des aspects jusqu' alors négligés de la réalité : comme les paysages urbains, les premiers chemins de fer, les ouvriers dans les forges…
    Dans cette œuvre, Menzel veut donc peindre une atmosphère et non quelque chose, ni quelqu’un de particulier. Il met alors en avant une réalité sociale et celle d’un métier précis qui tend à définir l’industrialisation croissante comme quelque chose où l’homme tendrait à disparaitre.




     


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